Taux de mortalité standardisé en Belgique, 2022

Publié le 16 Mai 2023

Taux de mortalité standardisé en Belgique, 2022

Standardized Mortality Rate in Belgium, 2022

 

Christophe de Brouwer, MD, PhD

 

Full-professeur hre de l’École de Santé publique de l’Université libre de Bruxelles.

Correspondance : de.brouwer.christophe@ulb.ac.be

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Résumé

Pour comparer la mortalité de différentes années, l’utilisation du taux de mortalité standardisé est la méthode de choix. La méthode de standardisation directe est utilisée, selon le profil belge de la population en 2022. Les années 2000 à 2021 furent observées pour cette comparaison avec l’année 2022 qui se caractérise par l’arrivée d’un nouveau variant, unique, omicron, qui apparaît nettement moins pathogène et se caractérise par une succession de divers sous-variants.

Les années de la décennie « 2010 » montrent un taux de mortalité standardisé systématiquement inférieur à la décennie « 2000 ». L’année 2020, quant à elle, est équivalente à l’année 2009, puis montre un taux de mortalité standardisé systématiquement inférieur aux autres années de cette décennie. Comme l’année 2020, l’année 2003 montre une mortalité spécifique de la tranche d’âge 85 ans et plus, c’était l’année de la grande canicule.

L’année 2022 n’est globalement pas une bonne année. Mais, comme en 2003 ou en 2020, c’est la tranche d’âge des 85 ans et plus qui a le plus souffert, avec les femmes en avant plan. C’est le contraire, en miroir, de l’année 2021. Trois hypothèses sont discutées : 1. un effet de moisson ne peut être exclu ; 2. le virus respiratoire syncytial pourrait avoir provoqué tout ou partie l’accentuation de la surmortalité en fin d’année 2022, ; 3. un effet mortifère possible du vaccin-thérapie génique spécifiquement sur cette tranche d’âge. En effet, la mortalité des tranches d’âge inférieure à 65 ans est basse, seule l’année 2019 lui est comparable en données standardisées.

 

Mots clés. Santé publique ; taux de mortalité standardisé ; standardisation directe ; mortalité ; Belgique.

 

Abstract

To compare mortality in different years, the use of the standardized mortality rate is the method of choice. The direct standardisation method is used, according to the Belgian population profile in 2022. The years 2000 to 2021 were observed for this comparison with the year 2022, which is characterised by the arrival of one new sars-cov-2 variants, omicron, which appears to be much less pathogenic and is characterised by a succession of various sub-variants.

The years of the decade "2010" show systematically lower standardized mortality rate than the decade "2000". The year 2020, on the other hand, is equivalent to the year 2009, and then shows a systematically lower standardised mortality rate than the other years of this decade. Like the year 2020, the year 2003 shows a specific mortality of the 85 and over age group, it was the year of the great heat wave.

The year 2022 is not a good year. But, as in 2003 or 2020, it is the 85 and over age group that has suffered the most, with women in the forefront. This is the opposite, in mirror image, of the year 2021. Three hypotheses are discussed: 1. a harvest effect cannot be excluded; 2. the respiratory syncytial virus could have caused all or part of the increase in mortality at the end of 2022; 3. a possible fatal effect of the vaccine - genetic therapy specifically on this age group. Indeed, mortality in the under 65 age groups is low, with only 2019 being comparable in standardised data.

 

Keywords. Public health ; standard mortality rate ; direct standardisation ; Belgium.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Introduction

 

L’analyse globale de la mortalité nécessite de rendre les choses comparables et en l’occurrence de rendre une année comparable à une autre. Un travail similaire avait été réalisé pour 2020, travail qui comparait les taux de mortalité standardisés depuis les années 2000, en prenant comme population type celle du 1er janvier 2020. Cela semblait judicieux à cette époque puisque la Belgique fut le pays, en Europe, qui déclara la mortalité attribuée au covid-19 la plus élevée au cours de cette année.

Une même méthode a été utilisée pour l’année 2021, en prenant comme population type celle du 1er janvier de cette année-là. Le présent travail utilise toujours la même méthode et prend la population de 2022 comme population type. En agissant ainsi, les taux standardisés des années précédentes se modifient légèrement puisque, entre 2020 et 2022, la population a, chaque fois, légèrement augmenté et un peu vieilli.

Cette standardisation se fait par tranche d’âge et par sexe, par la méthode appelée standardisation directe (qui utilise comme référent une population type et non pas le calcul d’un attendu ce qui serait une standardisation dite indirecte). La population de référence est généralement fictive, en reportant la proportion de décès observée d’une tranche d’âge pour un sexe donné, à la tranche de référence de la population type choisie. De façon à rester le plus possible dans la réalité actuelle belge, nous avons préféré utiliser chaque fois une population de référence réelle et récente et non pas fictive, dans le cas présent celle du 1er janvier de l’année 2022.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Méthodes

 

Nous allons comparer les années de deux décennies 2000 et 2010, ainsi que les années 2020 à 2022.

Notre population de référence est la population belge au 1er janvier 2022.

Nous avons besoin, selon le même schéma, de la mortalité par tranche d’âge et par sexe des autres années pour réaliser notre comparaison.

 

Nous utiliserons les mêmes tranches d’âge que celles qui furent choisies lors des études précédentes portant sur l’année 2020 ou 2021 et proposées pour les données de mortalité publiées par les organismes officiels : 0-24 ans / 25-44 ans / 45-64 ans / 65-74 ans / 75-85 ans / 85 ans et plus.
 

Lorsque plusieurs classes d’âge sont regroupées (0-64 ans ou l’ensemble), c’est chaque classe d’âge selon le sexe, prise séparément qui est sommée et non le regroupement pris comme un tout (comme une nouvelle classe d’âge), de façon à maintenir l’aspect standardisé des données.

 

Sources des données : au niveau des annexes.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Résultats

 

Le plus simple est d’avancer graphique par graphique.

Les données standardisées reprises par les graphiques sont exprimées par 100 000 habitants, tous âges confondus.

 

Graphique 1a Population, hommes et femmes confondus, par tranche d’âge, 2000 à 2022.

L’année 2022 est une année contrastée. Globalement le taux de mortalité est médiocre, mais selon deux modalité : moins de 65 ans très bon, 85 ans et plus réellement mauvais.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Graphique 1b Population, hommes et femmes confondus, par tranche d’âge, 2010 à 2022.

 

On voit que, pour 2022, la tranche d’âge des personnes très âgées se démarque et rejoint les moins bonnes années. Ceci ne fait que confirmer les donnée du graphique précédent. Même si, pour la tranche d’âge des 85 ans et plus, une grande partie de l’année 2022 montre une tendance à la surmortalité, la fin d’année fut particulièrement mauvaise.

 

Graphique 1c. Données de mortalité brute chez les 65-74 - 75-84 - 85 ans et plus. (tiré des « Graphiques n°110 »)

 

 

Les graphiques de ces trois dernières tranches d’âge, en données journalières brutes, montrent que le problème de surmortalité est assez spécifique aux 85 ans et plus sur quasi toute l’année 2022, avec une accentuation nette de la surmortalité en fin d’année et un retour à la normalité en début 2023.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Graphique 2a. Population femmes, par tranche d’âge, 2010 à 2022.

 

Graphique 2b. Population hommes, par tranche d’âge, 2010 à 2022.

 

Nous observons ici une différentiation selon le sexe pour les personnes âgées.

En effet, pour les moins de 65 ans, les choses se passent fort bien en 2022, c’est en fait la meilleure année de toutes celles étudiées ici avec 2019.

Par contre, pour les femmes de 85 ans et plus, la comparaison avec les années précédentes, montre qu’il faut remonter fort loin, à 2015, pour trouver pire, alors que chez les hommes, la donnée est un peu meilleure que 2017.

Remarquons que ceci est en miroir de 2021, qui fut une bonne année, meilleure chez les femmes que chez les hommes.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Graphique 3. Cumul des 3 premières tranches d’âge, population hommes et femmes confondus, 2000 à 2022.

 

  • Pour 2022, le nombre de décès se monte à 116 599 décès

  • Pour 2021, le nombre de décès, standardisé, se monte à 114 627 unités.

  • Pour 2020, le nombre de décès, standardisé, se monte à 129 913 unités.

  • Pour 2018, le nombre de décès, standardisé, se monte à 116 552 unités.

  • Pour 2012, le nombre de décès, standardisé, se monte à 127 847 unités.

  • Pour 2010, le nombre de décès, standardisé, se monte à 128 355 unités.

  • Pour 2009, le nombre de décès, standardisé, se monte à 129 054 unités.

  • Pour 2005, le nombre de décès, standardisé, se monte à 144 168 unités.

  • Pour 2000, le nombre de décès, standardisé, se monte à 152 619 unités.

     

Comme on peut l’observer, 2018 est équivalent à 2022 en termes de taux de mortalité standardisé. Cependant la structure des taux la mortalité standardisés est un peu différente. 2022 est assez équivalent ou meilleur à 2018 pour toutes les tranches d’âge inférieure à 85 ans. Par contre chez les 85 ans et plus, 2022 est franchement plus mauvais que 2018. Ceci rejoint les remarques précédentes.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Comparaison 2022 aux années 2000 à 2021

L'année 2022 est une année très moyenne, se rapprochant des années 2014-17-18 . L’année 2021 était nettement meilleure.

 

Graphique 4bis. Cumul des trois premières tranches d’âge, population hommes et femmes confondus : les moins de 65 ans.

Par contre, lorsqu’on examine les moins de 65 ans, l’année 2022 s’avère excellente, de même niveau que 2019. 140,9 pour 140,7 décès pour 100 000 personnes des groupes d’âge en données standardisées .

 

Graphique 4ter. Classe d’âge 85 et plus, population hommes et femmes confondus.

C’est l’inverse de l’année 2021 qui était la meilleure de tous les temps pour les 85 ans et plus. L’année 2022 est franchement mauvaise. Il faut remonter à 2015 pour trouver plus mauvais (hormis 2020).

Lorsqu’on examine les choses mois par mois, c’est très vite dans l’année que les choses se passèrent moins bien, contrairement aux autres tranches d’âge. Je vous reporte au graphique 1c, plus haut.


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

Discussion

 

L’année 2022 fut entièrement dominée par le variant Omicron et ses sous-variants. Il en est de même pour cette première moitié de 2023. Ce variant de sars-cov-2 apparaît nettement moins pathogène que ses prédécesseurs. Néanmoins l’année fut globalement médiocre en terme de mortalité, la causalité est donc autre.

 

Il faut néanmoins nuancer. L’année 2022 fut excellente pour les moins de 65 ans, seule l’année 2019 lui est comparable. Par contre pour les aînés, sans atteindre les niveaux de 2020, fut une mauvaise année. Et là aussi il faut nuancer, l’année fut surtout mauvaise pour les femmes.

 

Quelles en seraient les "explications" ?

1. Remarquons que les résultats sont quasi en miroir de l’année précédente : là où c’était bon, cela l’est moins, et inversement, même au niveau des différences entre sexe. Un certain « rattrapage », un effet de moisson, pourrait expliquer en partie l’observation.

 

2. Même si la surmortalité des aînés est visible sur presque toute l’année 2022, la fin d’année connaît une courbe bien plus accentuée. C’est à ce moment qu’un poussée d’état grippal est observable. Elle est principalement due, à ce moment, à du virus respiratoire syncytial, dont on sait la dangerosité chez les personnes âgées. Ensuite ce sera du virus influenza (classique). Et dans la dernière partie de la poussée grippale, fin de l’hiver - début du printemps, on retrouve du sars-cov-2, mais à ce moment, il n’y a plus de surmortalité visible au niveau des courbes, ce qui montre à nouveau la relative bénignité du variant omicron de cette époque.

Le virus respiratoire syncytial est une des causes possibles de l’observation.
 

3. Un certain nombre de personne ont mis en cause le vaccin-thérapie génique contre le sars-cov-2. Clairement, ce vaccin est peu efficace et il est dangereux : le nombre d’étude validant sur cette double affirmation ne fait que croître. Je pense inutile de les lister ici, certains sites font cela très bien. Cette dangerosité croit avec le nombre d’injections.Constatons que la couverture vaccinale par doses (boosters) multiples est la plus étendue chez les personnes âgées. Une corrélation existe donc entre la pratique des injections et la mortalité des personnes (âgées). Mais nous devons nous méfier, d'une part corrélation ne veut pas dire causalité, et d'autre part une partie de cette corrélation pourrait être indirecte et en conséquence non causative ou peu causative. Retenons néanmoins la possibilité d’une causalité vaccinale - thérapie génique provoquant la surmortalité des personnes âgées et étudions la.

Cette prudence est de mise car, de surmortalité elle existe uniquement chez les personnes âgées. Chez les moins de 65 ans, la situation observée est excellente, la meilleure année de tous les temps avec l’année 2019 (140,9 pour 140,7 décès pour 100 000 personnes des groupes d’âge en données standardisées).

Non, la vaccination-thérapie génique n’a pas eu d’effet sur la mortalité générale visible de ces tranches d’âge (moins de 65 ans), contrairement aux clameurs de certains alarmistes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’événement malheureux chez ces personnes plus jeunes, tant en morbidité qu’en mortalité, mais dans tous les cas, pas d’un niveau suffisant pour modifier de façon visible les courbes des tranches d’âge inférieures à 65 ans.

Pour ce qui est des tranches d’âge des 65-74 ans et 75-84 ans, il y a eu, apparemment, par moment une tendance à la surmortalité, mais elle apparaît peu marquée et donc peu visible. Aucune conclusion pour ces tranches d'âge ne me semble possible.

 

Conclusion.

 

L’année 2022 n’est pas une bonne année. Ce sont à nouveau les personnes de 85 ans et plus qui paient la facture, et cette fois plus spécifiquement les femmes âgées. Les causes de cette situation sont manifestement multiples, nous en avons discuté trois : un effet de moisson, une poussée de virus respiratoire syncytial et le vaccin-thérapie génique contre le sars-cov-2. D’autres causes pourraient probablement être soulevées et discutées.

 

Conflit d’intérêt : aucun.

 

Références.

 

Données utilisées.

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&&&&&&&&&&&&

Rédigé par Christophe de Brouwer

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article